Pour répondre à l’urgence écologique et la crise énergétique liée au contexte ukrainien, le gouvernement a lancé un “plan de sobriété” le 14 juillet dernier. Ce projet vise à réduire de 10%, d’ici deux ans, la consommation énergétique du pays. Ce programme inclut une revalorisation du secteur nucléaire.

La France souhaite sortir de sa dépendance aux énergies fossiles : consommer moins, et autrement semble être le maître-mot du second quinquennat Macron. Le secteur des transports continue d’être un des plus polluants avec 38% des émissions de CO2 par an. Avec une activité encore largement dominée par les énergies fossiles, le monde automobile doit encore opérer sa transformation afin d’être en phase avec les enjeux économiques et environnementaux.

La voiture électrique : une alternative boudée par les français

Souvent, lorsque l’on évoque le sujet des voitures électriques, ce sont surtout les contraintes qui nous viennent à l’esprit. Les avantages écologiques et financiers à long terme sont vite balayés.

Les clichés négatifs demeurent tenaces : les voitures électriques sont chères et peu avantageuses ; le manque de bornes de recharge rend presque impossible les voyages longs ; encore plus si le voyage est en zone rurale. La faible autonomie n’est pas pour rassurer les potentiels acheteurs non plus. Si c’est votre jour de chance et que vous tombez, ô joie, sur une borne électrique durant votre voyage, la durée de chargement peut prendre jusqu’à 10h. De quoi y réfléchir à deux fois… De plus, que faire des batteries de ces voitures une fois hors d'usage ?  L’argument écologique tient-il réellement la route ?

De nombreuses questions peuvent également habiter les consommateurs, doit-on changer de voiture ? Pour quels bénéfices ? Le bénéfice écologique est-il suffisamment important pour changer nos habitudes et réflexes ? Et la question la plus importante : quelle est la véritable différence en termes de prix entre un véhicule essence et un véhicule électrique ?

Les hommes mentent, pas l’INSEE. Les voitures électriques produisent 2 à 6 fois moins d’émissions de CO2 que les véhicules thermiques. Les modèles essences engendrent régulièrement un dépassement des valeurs fixées en termes de polluants atmosphériques. Malgré ces avantages, l’utilisation de batteries au lithium continue d’interroger. Néanmoins, selon le ministère de la Transition énergétique, plus de 80% des composants des batteries sont désormais recyclables. Pour ce qui est de la pollution sonore, une voiture électrique n’engendre que 56 décibels. Sur le prix, la différence est une fois de plus flagrante : un véhicule électrique coûte 2 à 3 euros pour 100 km parcouru, contre 6 à 8 euros pour un véhicule essence. Si, malgré les aides étatiques, le coût d’achat d’un modèle électrique est plus important qu’un modèle essence, sur le moyen et long terme l’électrique sera toujours gagnant. Il ne faut toutefois pas négliger des problèmes persistants et bien réels, notamment le déploiement des bornes de recharge électrique sur le territoire métropolitain.

Les infrastructures de recharge électrique, une présence homogène dans l’ensemble du pays ?

Il est difficile d’ignorer les inégalités de répartition des bornes entre les zones rurales et les zones urbaines en France métropolitaine.

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Cette visualisation permet de se rendre compte du lien entre de la répartition des VE et des points de recharge sur l’ensemble du territoire métropolitain.

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Ces deux visualisations nous livrent plusieurs informations pour comprendre la distribution des points de recharge. Globalement, le nombre de points de charge est corrélé avec le nombre de modèles électriques dans l’ensemble des départements en France métropolitaine : les départements où il y a le plus de VE sont ceux où il y a le plus de bornes de recharge. Ces dernières sont très présentes dans les Hauts de Seine (92), Paris (75), et le Nord (59), environ 40 000 pour chacun, là où les VE sont les plus nombreux. Le centre de la France métropolitaine est peu équipé au niveau des VE et des infrastructures de recharge. Ce lien établi entre VE et points de charges est également lié à l’indice de population : les départements comptabilisant le plus de VE et de points de recharge sont aussi les plus peuplés de France métropolitaine. Mais il existe quelques exceptions : la Savoie, la Haute-Savoie et les Bouches du Rhône font partie des départements où il y a une forte présence de VE mais peu de points de charge. Ce dernier comptabilise plus de 36 000 VE pour seulement 2000 points de recharge.

Dans l’ensemble, le nombre de points de recharge semble proportionnel à celui des VE. Cela s’explique notamment par les facteurs sociologiques des différents territoires de la France métropolitaine.

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Cette carte met en lumière de fortes inégalités quant à l’accès aux voitures électriques. En effet, le nombre de VE est plus élevé dans les Hauts de Seine (42 205) qu’à Paris (40 590) ou dans les Bouches du Rhône (36 634) alors même que la population y est moins importante (Hauts de Seine : 1 643 080 / Paris : 2 139 907 / Bouches du Rhône : 2 062 499).

Autre exemple, le département le plus peuplé de France, le Nord (2 606 873), compte pourtant moins de VE (29 443). Cette réalité s’explique avant tout par des facteurs sociologiques. Le Nord est historiquement un bassin ouvrier. Aujourd’hui, le revenu médian par an y est de 19 570 euros. Il est possible de supposer que des facteurs sociologiques représentent un frein à la transition vers l’électrique.