Par Sarah Aydinogullari, Clothilde D’Amato, Charles Flageul, Adrien Garbin et Irène Girard.

Entre sectorisation et dérogation, le système d’affectation dans les établissements du secondaire est de plus en plus contourné. Le manque de personnel éducatif et l’abandon de certains quartiers défavorisés par l’Etat renforcent les inégalités sociales entre élèves. Zoom sur la mixité scolaire à Bordeaux.

« Pour obtenir une dérogation, j’ai inscrit mon fils dans un lycée qui proposait une option « technologie des systèmes automatisés », relativement peu courante dans le département. C’est ainsi que j’ai pu contourner la carte scolaire. »

Marc (Gironde) pour La voix des parents, 2014.

La carte scolaire, un système de moins en moins rigide

Le 20 septembre 2018, l’INSEE publiait une étude, diffusée sur Vie Publique, à propos du manque de mixité sociale dans les établissements scolaires en France. Aujourd’hui, la répartition des élèves dans les collèges et lycées est organisée en fonction de la carte scolaire mais des dérogations peuvent être accordées pour changer d’établissement.

Instauré en 1963 dans le cadre d'une circulaire relative aux établissements publics du second degré, le système de la carte scolaire place l’élève dans un collège ou un lycée selon des facteurs géographiques. Le Centre national d’étude des systèmes scolaires (Cnesco) évoque le principe de zone de rattachement selon le lieu de domiciliation de l’élève tout en mentionnant les différentes réformes d’assouplissements mises en œuvre depuis 1984.

En 2007, la réforme sur la carte scolaire met en place à l’échelle nationale ces principes d'assouplissement qui permettent l’émission de dérogations selon différents critères (handicap, boursiers,…). Ce n’est qu’en 2013 que le principe de mixité sociale est légalement introduit au sein des administrations d’enseignement dans le cadre de la Loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République.

La stratégie de la carte scolaire est contournée par 21 % des familles bordelaises qui inscrivent alors leurs enfants dans le privé.

Certains parents d’élèves profitent de cet assouplissement pour s’en affranchir. Ce choix contribue à 33 % de la ségrégation scolaire et résidentielle observée à Bordeaux (INSEE). Seulement 68 % des élèves bordelais sont affectés dans leur lycée de secteur contre 11 % des élèves qui reçoivent une dérogation du rectorat pour être placé dans un autre établissement.

L’assouplissement de la carte scolaire marque-t-il la fin de la ségrégation sociale dans les collèges de la ville de Bordeaux ? Milieu favorisé rime-t-il avec réussite scolaire ?

Comparaison de la localisation des collèges et des ménages pauvres à Bordeaux : une fausse piste pour mettre en lumière les inégalités

La carte ci-dessous révèle les disparités socio-géographiques de la ville de Bordeaux.

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Dans les quartiers dits populaires, le nombre de collèges publics est relativement élevé contrairement aux quartiers plus aisés où la tendance est au privé.